Freitag, 18. März 2011

Alexandra Fly interview in french


Le personnage artistique Alexandra Fly, habillé en costume spéctaculaire fait de vagins en tissu, défend les droits des femmes. En voyageant en bus et en avion dans l’Europe et dans les États-Unis, il fréquente les foires internationales d’art et les musées d’art moderne.

Le projet Alexandra Fly vient de l’artiste née en Pologne qui l’a déjà réalisé pendant ses études à la faculté d’« Art en Contexte » à l’Université d’Art de Berlin.

En vue de présenter le projet du personnage d’Alexandra Fly, l’artiste recherchait de nouvelles méthodes de transmission des phénomène de l’art moderne et elle a inventé une activité se déroulant dans l’espace public de l’avion de ligne. Désormais, on peut la rencontrer, toujours habillée en nouveaux « costumes représentants les organes génitaux », non seulement dans les avions et les autobus mais, avant tout pendant les foires d’art, mega-expositions, biennales et dans les musées.

Le costume porté par Fly est orné partout de petits vagins et pénis en tissu, rembourrés d’ouate et de tulle.


Quel est le motif de votre travail artistique?


Hans Bellmer l’a déjà dit à ma place : « Mon art est scandaleux car le monde est le scandal pour moi »


Il est impossible de ne pas remarquer le personnage artistique d’Alexandra Fly. Où est-ce que vous avez présenté votre projet ?


Dans les avions, les autobus, pendant les foires d’art et dans les musées d’art moderne. Malheureusement, après 2001, toutes les propositions d’activités artistiques dans les avions éveillaient le soupçon d’attentat. La peur des terroristes était si forte que les lignes aériennes du monde entier ont interdit tout type d’activités et de performances. Au printemps 2007, je voulais présenter mon projet Alexandra Fly lors d’un voyage à New York. Pour en obtenir l’autorisation, j’ai dû décrire en détail tous ce que j’entreprenais. Juste avant le départ, on m’a informé qu’avec l’accord du pilote, je pouvais faire tout ce que j’ai prévu. C’est ainsi que le projet Alexandra Fly a été présenté pour la première fois pendant le trajet Berlin –New York. Dès lors, je voyageais en avion en costume Fly sans demander l’autorisation de personne. Pour les besoins de ma performance, j’ai profité du droit de liberté individuelle des passagers. Il n’existe aucun règlement précisant quel type de vêtements il faut porter pendant les voyages.


Dites-nous, s’il vous plaît, quels étaient les critères de choix des endroits pour votre activité.

Pour le moment, je ne montre Fly que dans les pays de l’Europe de l’Ouest. Je voyage en Angleterre, Belgique, France, Allemagne, Suisse, Suède, Italie. Quant aux États-Unis, j’ai été seulement à New York. Alors là, où nous pouvons parler de démocratie avancée qui garantit la tolérance et le respect de l’individu. Il arrive que le public me demande pourquoi je ne montre pas Fly en Iran, aux Émirats Arabes Unis ou en Afrique. Pourtant, dans les pays où les femmes cachent leur visage sous la burqa et ne peuvent rester dans les lieux publics qu’en compagnie d’un homme, je risque d’être punie. De même, dans les pays de l’Europe de lEst, mon costume peut causer des malentendus inattendus.


Pourquoi croyez-vous que le public de l’Europe de l’Est ne coprendra pas vos intentions?


Je suis effrayée quand je pense qu’à Varsovie les catholiques intolérants lancent des pierres aux partisans de la parade de Christopher Street Day ou bien que, cette année à Moscou, le curateur Andrej Jerofejew a reçu le jugement du tribunal pour avoir organisé l’exposition de l’art homosexuel où il montrait, entre autres, Gilbert et George, Pierre et Gilles.


Et comment le public tolérant réagit à l’activité de Fly?


En France, les spectateurs comparaient les vagins en tissu attachés à mon costume aux fleurs. D’habitude, les passants ne montrent pas qu’il voient les organes génitaux accrochés à mes vêtements. Je reçoit le plus de compliment de la part des chinois et des coréens. La plupart de temps, les spectateurs d’Asie cherchent à toucher mon costume des doigts.

Souvent, quand je rentre à l’hotel après ma représentation, dans le tram ou le métro les jeunes gens du Midi (les Espagnols, les Turcs, les Marocains) rigolent de moi, me sifflent ou me provoquent. J’ai aussi observé un tel comportement à Berlin de même qu’à Londres ou à Paris. À Londres, les Anglais âgés me demandaient le plus souvent combien je gagnais avec le projet Fly.


Est-ce que vous croyez que le public se rend vraiment compte de ce que vous voulez montrer?


Certains oui. Les discussions avec des personnes interéssées constituent une partie de mon projet. J’explique leurs doutes. Mais pendant de telles discussions j’ai aussi rencontré des femmes d’Allemagne qui affirmaient que dans la société allemande le phénomène de la violence envers les femmes n’existait pas.


De quelle manière développez-vous le discours féministe?

Je voudrais renforcer l’indépendance des femmes. Je tiens avant tout à ce que les femmes aient plus de confiance en leurs organes génitaux. Les costumes que je porte pendant mes représentations, rendent le vagin moins mysterieux. Ils démontrent que cette normale et belle partie du corps féminin peut donner du bonheur et de la joie. Je voudrais que le vagin ne soit plus perçu comme tabou et qu’il ne soit pas la cause d’humiliation ou de malheur.


À Bâle, vous avez parlé du fait que les sociétés deviennent de plus en plus conservatrices ce qui cache même le succès de la révolution sexuelle des années 60. Pourquoi est-ce que vous pensez ainsi ?


Les femmes qui grandissaient à l’époque où le féminisme régnait ont eu beaucoup de chance. Elles étaient capables de diriger leur vie sans aide ni participation de l’homme. Le succès de la révolution de l’année 68 a décidément influencé les changements de vie des habitants de l’Europe de l’Ouest. Dans les autres coins du monde, la division en rôles masculins et féminins reste toujours en vigueur. Les immigrants qui, depuis des années, arrivent en grand nombre en Europe et qui viennent des pays où la femme occupe la place inférieure, n’ont jamais entendu parler de la révolution sexuelle. Tout en habitant en Europe, ils continuent à couper les clitoris aux filles, pratiquent les mariages forcés et meurtres d’honneur. Je trouve que celui qui pratique la violence contre les femmes détruit la source d’énérgie sur la Terre et menace ainsi toute l’humanité.


L’interview avec Alexandra Fly fait par le journal allemand d’étudiants Noir. La traduction de l’allemand et le texte : Alexandra Hołownia.

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